Ca avait bien commencé, et puis l'avion a brulé...
Il est 08 : 45 heure locale, et je me situe dans la "réception" du "International student center", situé au 28 Wudong Lu Road, Shangai. Le mec de la réception est occupé à compter des liasses de billet dans une jolie machine conçue à cet effet qui fait "trrrrtrtrtrtrtrtrtrt" , les distributeurs ici ne délivrent que des billets de 100 yuan, ce qui fait à peu près 10 euros, rien d'anormal jusque là donc. Sauf quand il faut payer trois mois de loyers d'un coup, en cash, à savoir donc 14 000 Yuan pour deux. Et là, tu te retrouves tout d'un coup dans la rue avec 140 billets dans la main, regrettant de ne pas avoir une jolie malette en cuir ou les ranger, guettant les ouvriers chinois sous-payés qui vont d'un instant à l'autre te sauter dessus pour t'éventrer et te chiper l' année de salaire que tu as dans ta poche. Bon. Ca n'arrive pas. Par contre, le réceptionniste a une jolie machine pour les compter à sa place, parce que sinon, c'est relou. Il m'a dit un truc en montrant la machine, et bien que je ne parle pas un mot de chinois, je suis sure que ca voulait dire "sinon, c'est relou."
Donc, il est 08h45. J'écoute Deezer, en attendant ma coquette colocataire qui se fait beau avant le petit déjeuner. J'ai nommé Hugo Petit. Quand je dis que j'écoute Deezer, ce n'est pas tout à fait vrai. En réalité, je redécouvre deezer. Oui, car le deezer chinois, est exactement le même que le français, a une exception près : on n'entend que les instrus. Et les chants, un peu. Un peu genre, vous êtes à l'exterieur d'une salle de concert, et à l'interieur aucun doute, ça a l'air trop coule. Vous entendez la foule qui s'éclate, des instrus déchainés, et un murmure de voix. L'éclate. Disons que je vais découvrir une nouvelle manière d'aprécier la musique, je vais apprendre à ENTENDRE l'instrument. Vous saviez que dans "don't stop me now" y'avait un piano vous ? Oui ? ah, bon...
Impossible d'accéder à Facebook, impossible d'accéder à Mégavidéo. A coté de ça, aucun soucis pour lire Le monde, Le monde diplo, mater arté... Nouvelle mission pour l'intellect Donyen : comprendre les logiques de censure chinoise.
Et sinon, si je vous parlais de trucs qui vous intéressent ?
Nous sommes à ce jour, mercredi. Trois jours donc que nous nous trouvons chez les jaunes. Notre avion a décollé de Charles de Gaulle dimanche à 13 h 40 et la pauvre petite française que je suis a découvert les terminals, les adieux, les sieges "aperçu de torture pour dissidents politiques", le coeur qui manque d'exploser à la montée, le repas du soir servi à 14 h heure française, 20 h heure chinoise, qu'évidemment tu ne bouffes pas puisque tu t'es bourré à 13h "au cas ou on est rien à manger dans l'avion", et qu'évidemment tu aurais du bouffer parce que t'en auras pas d'autre sale gosse ! , le mec à coté de toi qui s'est calé sur quatre sièges et dort du départ à l'arrivée non stop comme un gros batard de chinois qui a tout compris alors que roulée en boule comme une merde tu réussis à dormir un quart d'heure, les films en anglais sous titré chinois avec tous tes amis, stalone, mel gibson, la blonde qui contre attaque et toute la smala...
A noter que mon dernier échange avec un français s'est déroulé à peu près en ces termes : Police française à la porte 52 du terminal 6 : Policier voix bien grasse "- Qu'est c'qu'vous allez faire en chine vous ??
Moi, voix candide -Je vais étudier dans une fac
-Y'a pas d'fac ici ou quoi ?!
-Ben si mais justement, avec la mienne je suis obligée de partir à l'étranger
-Ah ouais, et vous faites quoi ?
-Je suis à Science Po
Rire Gras
- Muahahaha. V'zêtes un peu Ségolène Royal !
-Euuuh...Et bein euh...pas tout à fait...
-Bon et alors v'zêtes plutôt à gauche ou à droite ?
-Bah, à gauche...
-Ah bah vous montez pas alors ! Re rire Gras
